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lafka_6 a écrit :c'est très réducteur ce que tu dis là... comme si parce qu'on est jeune, on ne peut pas avoir des problèmes autrement plus sérieux qu'un rateau ou un pb de poids... c'est n'importe quoi... exemples parmi tant d'autres: inceste, mort d'un proche... ça ce sont des problèmes graves... il y en a tellement d'autres je crois que tu ne te rend pas bien compte... et mm s'il s'agit de choses qui peuvent sembler futiles, comme un désanchantement, une perte de confiance en l'avenir, une perte d'estime de soi, des brimades, ou je ne sais quoi, qui es-tu pr juger de la gravité de ces évènements, et de la justification qu'ils peuvent être à un acte de suicide...? c'est une souffrance personnelle qui peut affecter un individu à un point inimaginable... et même si elle peut paraitre minime aux yeux de certains, elle gachera peut-être la vie entière de cette personne...
Est-ce que la majorité des adolescents sont victimes d'inceste ? Est-ce que tous perdent leurs parents ? Je ne parle pas des gros coups durs de la vie (et qui peuvent arriver à toute période), je parle des raisons qui font que la plupart des gens se sentent mal dans leur peau à leur adolescence. Faut pas tout mélanger non plus. Je suis sûrement sec/égoïste/sans coeur/indifférent envers mon prochain, mais ne versez pas dans le misérabilisme non plus.
Ensuite qui suis-je pour juger ? Ben comme vous j'ai été adolescent, j'ai été à l'école, j'ai connu des décès, je me suis tapé la honte parfois, j'ai essuyé des insultes et des moqueries... et je n'en suis pas mort. Pourquoi n'aurais-je pas le droit de tirer des conclusions de ce que j'ai vu et vécu ? Parce que ça risquerait de contrarier quelqu'un qui n'est pas d'accord ?
Quant aux brimades et à l'estime de soi, je crois que tout est relatif : au lycée j'ai observé un élève qui se faisait régulièrement malmener (racket, honte devant les filles, claques) par ses 3 "copains". Tu crois qu'il aurait réagis ou fait quelque chose pour que cela cesse ? Penses-tu ! Non il revenait inlassablement vers ses 3 amis, l'air ahuri et béat de celui qui est content de ce qu'il lui arrive. Souffre-douleur et fier de l'être ? Eh bien selon MES valeurs, ce mec est un con, indépendamment de sa vie ou de ses résultats scolaires.
Bon là c'était aussi un cas particulier, mais ON Y PASSE TOUS d'une manière ou d'une autre : les gros se font traîter de gros porc, les grands de grandes perches/grands cons, les petits de nains, ceux qui ont des lunettes de serpents à lunettes/bigleux, etc, etc...
Je comprends que certains ne le supportent pas, mais plutôt que de les plaindre sur l'air de "pauvre petit", il faut au contraire les forcer à se remuer, quitte à ce qu'il mette un pain dans la tronche au prochain qui l'insulte de nouveau.
Puisque qu'apparemment il est mal vu de parler des autres, je vais donc me juger MOI : aujourd'hui je peux dire que ce qui m'est arrivé à l'époque est en grande partie de MA faute. Arrivé dans une classe où je n'avais plus mes comparses habituels, j'ai subi le mauvais oeil d'un groupe de mecs que nous (mes anciens comparses et moi-même) n'aimions pas. Mais alors pas du tout. Sauf que là, dans la classe, dans les couloirs, sans l'appui de mon ancienne tribu, je ne me sentais vraiment pas de taille à affronter cette chienlie. J'ai donc passé une bonne partie de l'année à fermer ma gueule, à ignorer les remarques, etc... Jusqu'à un point que j'appellerais le mutisme, voire carrément l'autisme. Pas de chance, c'est justement l'année où j'ai dû mettre des lunettes avec lesquelles j'étais encore moins à l'aise, si c'était possible. Je suis donc passé du statut de "grand con" à "ch'bigleux". C'est aussi l'année où l'acné a fait son apparition... Allez les filles, venez embrasser une "calculatrice"..! Mes résultats scolaires ont baissé de façon vertigineuse, j'étais le loser, je ne disais plus rien, sauf contraint et forcé par l'interrogation d'un prof. Un de mes profs justement, pour couronner le tout, s'amusait à mettre la honte à quelques élèves... dont moi. Evidemment. Ce vieux prof de maths, ce petit monsieur Willand, à qui je cracherais volontiers à la gueule si je le recroisais aujourd'hui (ou pisserais sur sa tombe s'il était mort) ne m'a pas épargné grand chose, que ce soit devant tout le monde au tableau ou que ce soit en présence des correspondants Allemands à ma place. Je vous passe un tas de détails inutiles et hors contexte.
Une année bien sombre donc, avec le moral à zéro. Une envie de suicide ? Oui. Mais comment ? Je n'ai pas de poison à la maison, je n'ai pas de flingue pour me tirer une balle, la noyade ne m'attire pas (trop horrible comme mort, et puis je nage bien a priori). M'ouvrir les veines m'horrifait (paradoxal non ?). Reste à se jeter d'un pont ou sous un train mais ce sont des morts trop nulles. Et puis si je me rate, qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire ? Que vais-je faire si je reste estropié ? Je n'avais jamais parlé de mes problèmes à mes parents. Donc par la force des choses, je n'ai rien fait. J'étais peut-être trop lâche pour me suicider, ou pas vraiment décidé, allez savoir... On voit bien ici tout le ridicule de la chose ; j'en rigolerais de bon coeur si ce n'avait pas été si sérieux.
Toujours est-il qu'en fin d'année scolaire, avec le beau temps et les vacances qui approchaient, j'ai repris du poil de la bête. J'ai même menacé quelques emmerdeurs de la classe, et à ma grande surprise il n'y a jamais eu de suite. L'année s'est donc plutôt bien terminée, et la rentrée suivante j'ai retrouvé pas mal de mes anciens copains, eux aussi plein d'acné comme moi ! Quel soulagement de se retrouver entre losers... Encore mieux : je n'ai plus eu cette saloperie de prof de maths. Bizarrement, j'ai par la suite toujours gardé cette attitude silencieuse et cette tendance à rester à l'écart. Est-ce une séquelle, une évolution ou une coïncidence ? En tout cas si j'avais bien réagi et plus tôt dans l'année, je n'aurais sans doute pas eu autant de mal à la supporter.
Rebelote en Première, mais c'est une autre histoire...
Donc aujourd'hui que je suis en âge de ne plus me laisser faire par personne, que je suis assez grand pour passer outre l'avis des autres et le qu'en dira-t-on, que je suis assez droit pour ne plus être influencé par l'effet de mode ou plier sous l'effet de groupe, je vois tout ceci, si grave à l'époque, comme quelque chose de ridicule et limite honteux. Bref certainement pas de quoi mettre fin à ses jours pour ça. C'est MA vision des choses.
yukimania a écrit :Si tu ne te sens pas bien dans ta peau jusqu'à vouloir te suicider, c'est que c'est important pour TOI !
C'est précisément ce que j'ai dit dans mon post, et j'ai également ajouté que cette "importance" se révêle bien moindre quelques années après (comme par hasard). Donc ce serait quand même dommage d'en finir pour une baisse de moral passagère, non ?
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