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Message par Yu' » Lun 13 Juin 2005, 19:40

le pire c'ets que j'ai lu le premier ...
bon après, j'ai eu la flemme ...
willoz, oui c'est contagieux, la preuve : je suis atteinte ^^

On retrouve l’ESRA de Bernard Werber tout au long de la trilogie des fourmis mais aussi dans d’autres de ses livres. Il a donc décidé d’en faire un livre à part entière. (Il prouvait même que 1+1=3 mais mon père m’a montré que c’était faux … c’est dommage ^^) Il voulait que ce soit un livre qu’on pouvait lire n’importe comment en passant de la page 8 à la page 150, en sautant les passages qui ne nous intéressait pas !

Avant propos :
Le Livre que vous tenez dans vos mains est une expérience.
Il contient des informations que vous ne trouverez pas ailleurs.
Des informations dans des domaines aussi étranges ou complémentaires que : les grandes énigmes du passé, les casse-tête mathématiques, les recettes de cuisine étranges, les paradoxes de la physique quantique, des anecdotes inconnues de l’histoire de l’humanité, ou des blagues philosophiques.
Ici, l’hypnose, l’alchimie, le shamanisme ou le kabbale côtoient la sociologie, la biologie ou l’archéologie.
Ici, on découvre comment rêvent les dauphins et comment est né l’univers. Comment les Chinois ont rencontrés les Occidentaux et comment se prépare l’hydromel, boisson des fourmis et des dieux. Le seul point commun de tous ces petits textes est de faire « pétiller l’esprit » et d’éveiller la curiosité sur des territoires inconnus.

Quelques articles (je suis pas sûre à 100% que tout ce qu’il raconte est vrai :/) :

Résumé des épisodes précédents
Tout est en un (Abraham)
Tout est amour (Jésus Christ)
Tout est sexuel (Sigmund Freud)
Tout est économique (Karl Marx)
Tout est relatif (Albert Einstein)
Et ensuite ?

Vous
Vous qui tournez cette page, prenez conscience que vous frotter en un point votre index contre la cellulose du papier. De ce contact naît un échauffement infime. Un échauffement toutefois bien réel. Rapporté dans l’infiniment petit, cet échauffement provoque le saut d’un électron qui quitte son atome et vient ensuite percuter une autre particule.
Mais cette particule est, en fait, « relativement » immense. Si bien que le choc avec l’électron constitue pour elle un véritable bouleversement. Avant, elle était inerte, vide, froide. A cause de votre « saut » de page, la voici en crise. Par ce geste, vous avez provoqué quelque chose dont vous ne connaîtrez jamais toutes les conséquences.
Une explosion dans l’infiniment petit.
Des fragments de matière expulsés.
De l’énergie diffusée.
Des micro-mondes sont peut-être nés, des gens y vivent, et ces êtres vont découvrir la métallurgie, la cuisine à vapeur et les voyages stellaires. Ils pourront même se révéler plus intelligent que nous. Et ils n’auraient jamais exister su vous n’aviez pas eu ce livre entre les mains et si votre doigt n’avait pas provoqué un échauffement, précisément à cet endroit du papier.
Parallèlement, notre univers trouve sûrement sa place lui aussi dans un coin de page de livre gigantissime, une semelle de chaussure ou la mousse d’une canette de bière de quelque autre civilisation géante. Notre génération n’aura sans doute jamais les moyens de vérifier entre quel infiniment petit et quel infiniment grand nous nous trouvons. Mais ce que nous savons, c’est qu’il y a bien longtemps, notre univers, ou en tous cas la particule qui contient notre univers, était vide, froide, noire, immobile. Et puis quelqu’un ou quelque chose a provoqué la crise. On a tourné la page, on a marché sur une pierre, on a raclé la mousse d’une canette de bière. Toujours est-il qu’il y a eu un « réveil ». Chez nous, on le sait, ça a été une gigantesque explosion. On l’a nommé Big Bang.
Imaginez donc ce vaste espace de silence soudain réveillé par une déflagration titanesque. Pourquoi a-t-on tourné la page, là-haut ? Pourquoi a-t-on raclé la mousse de bière ?
Pour que tout évolue et survienne à cette seconde-ci où vous, lecteur précis, lisez ce livre précis, dans un endroit précis où vous vous trouvez.
Et peut-être qu’à chaque fois que vous tournez une page de livre un nouvel univers se crée, quelque part dans l’infiniment petit.
Appréciez votre immense pouvoir.

Bon ok, c plus dur kan on surf sur internet ^^

Charade de Victor Hugo :
« Mon premier est bavard.
Mon deuxième est un oiseau.
Mon troisième est au café.
Mon tout est une patisserie. »

Réfléchissez un peu sans regarder la solutions.

Et pour les impatients …

Mon premier est bavard, c’est donc « bavard ».
Mon deuxième est un oiseau, c’est « oiseau ».
Mon troisième est au café, c’est « au café ».
Solution : bavard-oiseau-aucafé. Bavaroise aux café.
Vous voyez, c’était facile.

Tentative :
Entre
Ce que je pense
Ce que je veux dire
Ce que je crois dire
Ce que je dis
Ce que vous avez envie d’entendre
Ce que vous croyez entendre
Ce que vous entendez
Ce que vous avez envie de comprendre
Ce que vous croyez comprendre
Ce que vous comprenez,
Il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer.
Mais essayons quand même …

Pouvoir de la pensée
La pensée humaine peut tout.
Dans les années cinquante, un porte-conteneurs anglais, transportant des bouteilles de vin de madère en provenance du Portugal, vient de débarquer sa cargaison dans un port écossais. Un marin s’introduit dans la chambre froide pour vérifier que tout a bien été livré. Ignorant sa présence, un autre marin referme la porte de l’extérieur. Le prisonnier frappe de toutes ses forces contre les cloisons mais personne ne l’entend et le navire repart pour le Portugal.
L’homme découvre suffisamment de nourriture mais il sait qu’il ne pourra survivre longtemps dans ce lieu frigorifique. Il trouve pourtant l’énergie de saisir un morceau de métal et de graver sur les parois, heure après heure, jour après jour, le récit de son calvaire. Avec une précision scientifique, il raconte son agonie. Comment le froid l’engourdit, gelant son nez, ses doigts et ses orteils. Il décrit comment la morsure de l’air se fait brûlure intolérable.
Lorsque le bateau jette l’ancre à Lisbonne, le capitaine qui ouvre le conteneur découvre le marin mort. On lit son histoire gravée sur les murs. Le plus stupéfiants n’est pas là. Le capitaine relève la température à l’intérieur du conteneur. Le thermomètre indique 19°C. Puisque le lieu ne contenait plus de marchandises, le système de réfrigération n’avait pas été activité durant le trajet de retour. L’homme était mort uniquement parce qu’il « croyait » avoir froid.
Il avait été victime de sa seule imagination.

Hiérarchie chez les rats.
Une expérience a été effectuée sur des rats.
Pour étudier leur aptitude à nager, un chercheur du laboratoire de biologie comportementale de la faculté de Nancy , Didier Desor, en a réunit six dans une cage dont l’unique issue débouchait sur une piscine qu’il leur fallait traverser pour atteindre une mangeoire distribuant les aliments. On a rapidement constaté que les six rats n’allaient pas chercher leur nourriture en nageant de concert. Des rôles sont apparus qu’ils s’étaient ainsi répartis : deux nageurs exploités, deux non-nageurs exploiteurs, un nageur autonome et un non-nageur souffre-douleur.
Les deux exploités allaient chercher la nourriture en nageant sous l’eau. Lorsqu’ils revenaient à la cage, les deux exploiteurs les frappaient et leur enfonçaient la tête sous l’eau jusqu’à ce qu’ils lâchent leur magot. Ce n’est qu’après avoir nourri les deux exploiteurs que les deux exploités soumis pouvaient se permettre de consommer leurs propres croquettes. Les exploiteurs ne nageaient jamais, ils se contentaient de rosser les nageurs pour être nourris.
L’autonome était un nageur assez robuste pour ne pas céder aux exploiteurs. Le souffre-douleur, enfin, était incapable de nager et incapable d’effrayer les exploités, alors il ramassait les miettes tombées lors des combats. La même structure – deux exploités, deux exploiteurs, un autonome et un souffre-douleur – se retrouva dans vingt cages où l’expérience fut reconduite.
Pour mieux comprendre ce mécanisme de hiérarchie, Didier Desor plaça six exploiteurs ensemble. Ils se sont battus toute la nuit. Au matin, ils avaient recréé les même rôles. Deux exploiteurs, deux exploités, un souffre-douleur, un autonome. Et on a obtenu encore le même résultat en réunissant six exploités dans la même cage, six autonomes ou six souffre-douleur.
Autre prolongation de cette recherche, les savants de Nancy ont ensuite ouvert par la suite les crânes et analysé les cerveaux. Or les plus stressés n’étaient ni les souffre-douleur, ni les exploités, mais les exploiteurs. Ils redoutaient de ne plus être obéis par les exploités.

Dieu
Dieu, par définition, est omniprésent et omnipotent. S’il existe, il est donc partout et peut tout faire. Mais s’il peut tout faire, est-il aussi capable de gérer un monde d’où il est absent et où il ne peut rien faire ?

Utopie
Nul n’a besoin de démontrer la parfaite harmonie qui règne entre les différentes parties de notre corps. Toutes nos cellules sont à égalités. L’œil droit n’est pas jaloux de l’œil gauche. Le poumon droit n’envie pas le poumon gauche. Dans notre corps, toutes les cellules, tous les organes, toutes les parties n’ont qu’un unique et même objectif : servire l’organisme global de façon que celui-ci fonctionne au mieux.
Les cellules de notre corps connaissent, et avec réussite, et le communisme et l’anarchisme. Toutes égales, toutes libres, mais avec un but commun : vivre ensemble le mieux possible. Grâce aux hormones et aux influx nerveux, l’information circule instantanément au travers de notre corps mais n’est transmise qu’aux seules parties qui en ont besoin.
Dans le corps, il n’y a pas de chef, pas d’administration, pas d’argent. Les seules richesse sont le sucre et l’oxygène et il n’appartient qu’à l’organisme global de décider quels organes en ont le plus besoin. Quand il fait froid par exemple, le corps humain prive d’un peu de sang les extrémités de ses membres pour en alimenter les zones les plus vitales. C’est pour cette raison que les doigts et orteils bleuissent les premiers.
En recopiant à l’échelle macroscopique ce qui se passe dans notre corps à l’échelle microscopique, nous prendrions exemple sur un système d’organisation qui a fait ses preuves depuis longtemps.

Sauf qu’avec des humains à la place des cellules et des organes, ça ne marchera jamais -_-‘

Tromperie tactile
Croisez les doigts, l’index et le majeur par exemple. Posez une bille sur la table avec l’autre main. L’extrémité des doigts croisés sur la bille, imprimez à votre main un mouvement de rotation. Fermez les yeux. Vous aurez l’impression de toucher deux billes.

J’ai testé et ça marche ^^

Arômes
Il faut douez heures pour qu’une rose exprime tous les arômes de son parfum.

Il y en a beaucoup d’autres d’intéressants mais je n’ai pas pu tous les mettre !
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Message par blackghost » Lun 13 Juin 2005, 20:21

trop long a lire
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Message par Ben*Baker » Lun 13 Juin 2005, 20:36

Ca se lit facilement en fait.

C'est intéressant d'ailleurs.


Yukimania a écrit :Tout est en un (Abraham)
Tout est amour (Jésus Christ)
Tout est sexuel (Sigmund Freud)
Tout est économique (Karl Marx)
Tout est relatif (Albert Einstein)
Et ensuite ?

Tout est rein :green:

(tout est rein --> tout terrain --> jeu de mots --> humour ---> non ? bon ok je sors... :ane: )
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Message par Yu' » Lun 13 Juin 2005, 21:21

ah oui
là, tu sors
mdr
j'ai pas compris tout de suite
je penais que tu voulais dire "tout est rien" et ke tu t'étais planté
mais kan g lu en bas jme suis dis qu'il fallait vraiment t'interné ^^
tu veux rivaliser avec ighmarr ? (remarke, c pa le mm genre de blague ...)
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Message par Ben*Baker » Lun 13 Juin 2005, 21:49

Si vous saviez tout ce que je vous épargne... :mignon:
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Message par Willozlove » Mar 14 Juin 2005, 09:16

yukimania a écrit :la preuve : je suis atteinte ^^


hum oui, ça ne prouve pas vraiment que c'est contagieux, tu me semblais contaminé depuis un ti moment déjà :wink: :green:

en tout cas merci à tous, vous occupez mes insomnies avec tout ça :green:
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Message par Ighmarr » Mar 14 Juin 2005, 09:38

NAISSANCE DU PAIN EN EGYPTE

Manger du pain ne date pas d’hier. On s’accorde même à faire remonter cet acte alimentaire à l’époque du néolithique en Égypte. Les premières représentations connues du pain se rencontrent sur les murs des tombeaux de l’ancien Empire soit trois mille ans avant notre ère.

C’est aux Égyptiens que l’on doit d’avoir découvert
la fermentation. Cette maîtrise technologique chimique alliée à la maîtrise mécanique de l’utilisation du four est à l’origine même du pain.

Utilisé comme offrande aux dieux ou comme provision emportée en voyage par le défunt, le pain va peu à peu prendre une importance considérable dans la vie quotidienne des Égyptiens jusqu’à devenir un aliment essentiel mais aussi une monnaie. Ainsi les ouvriers agricoles étaient-ils payés avec 3 pains par jour et un fonctionnaire avec100 galettes et 3 pains fins de froment. Une quinzaine de variété de pains existe à cette époque : les galettes plates avec un décor de cercle au milieu et sur les côtés ou percés de huit trous en cercles, les galettes en triangle, les galettes pliées en deux, les pains de blé, les pains de céréales mélangées, les pains en disque, les pains bombés coniques, en spirales, en croissant, les pains au miel, les pains au levain, les pains à la levure de bière.

LE PAIN CHEZ LES HEBREUX

Traditionnellement les hébreux n’étaient pas consommateurs de pain. Nomades, ils se nourrissaient avant tout de la viande des moutons qu’ils élevaient. Leur premier contact avec le pain eut lieu en esclavage, en Égypte. Le pain qu’ils connurent avait la forme de galettes levées cuites sur des pierres chaudes. Ils y prirent goût rapidement. A tel point que la terre promise atteinte, Dieu leur promet : " Si vous suivez Mes lois (...) vous aurez blé et pain en abondance".

Une véritable culture du pain commence à naître qui distingue fréquemment pain levé de pain azyme (non levé). Le pain levé est plutôt un aliment quotidien et le pain non levé un objet d’offrande divine. Contrairement aux Égyptiens, les Hébreux considéraient en effet le pain levé comme impur, car issu d’une certaine forme de putréfaction. Pour célébrer la Pâque en souvenir de la sortie d’Égypte les écritures disent : "On mangera des azymes pendant sept jours ; on ne verra pas chez toi de pain levé, ni dans tout ton territoire" ( Exode, XIII, 7).

Enfin, le procédé de fabrication du pain fonctionne aussi comme un signe de reconnaissance sociale : les riches se nourrissent de pains levés à la fine fleur de farine de froment, les pauvres de pains de farine d’orge.

LE CHRISTIANISME

Avec la naissance de Jésus à Bethléem, ville dont le nom signifie d’ailleurs "ville du pain" en araméen, le pain va prendre une dimension inconnue jusqu’alors.

Largement distribué dans les très nombreuses boulangeries professionnelles qui fleurissent dans les villes de Palestine, le pain - l’aliment le plus répandu de cette époque - va devenir le symbole du Christ même : " Prenez et mangez. Ceci est mon corps" (Matthieu XXVI, 26 ) ou encore : "Je suis le pain de la vie, celui qui vient vers moi n’aura pas faim " (Jean VI, 26, 27, 35).

En s’identifiant au pain, le Christ lui confère une dimension définitivement sacrée, qu’il conserve encore aujourd’hui pour toute une partie de l’humanité. Seules ont presque disparu les coutumes consistant à ne pas donner de pain aux animaux, à faire un signe de croix sur le pain avant de le rompre, à embrasser le pain tombé sur le sol comme pour racheter la faute de l’avoir laissé choir, à ne pas poser par signe de respect le pain à l’envers etc...

ESSOR DE LA BOULANGERIE CHEZ LES GRECS

Dans la Grèce Antique, le pain le plus courant est une galette d’orge non fermentée cuite sur une pierre chaude (maza). Les jours de fêtes, on mange un pain de blé dont la pâte peut contenir de l’huile d’olive.

Peu à peu le pain va quitter l’aire domestique pour les fournils des boulangers professionnels. Dès lors, le four remplace définitivement les archaïques cloches de terre posées sur une pierre ou les moules chauffés.

Les levains ne sont plus préparés seulement avec des restes de pâte de la veille mais au moment même de la récolte avec un mélange de houblons et de moût de raisins.

Au II ° siècle avant J-C on dénombre dans les boulangeries d’Athènes pas moins de soixante-douze variété de pains et gâteaux : pains d’orge pour les pauvres ou pains de seigle importé d’Égypte, pains de farine d’épeautre ou de froment barbu, miches rondes de farine de blé, pains à l’huile au lait et au poivre, pains au fromage, pain blanc de farine de froment bien tamisée ou enfin, pains levés aromatisés aux herbes ou garnis d’olives, qui révolutionnèrent littéralement l’art du boulanger.

L’importance symbolique du pain est si prépondérante que le culte de Déméter, "déesse des grands pains et des moissons", devient la religion officielle d’Athènes.

ROME : AMÉLIORATION DES TECHNIQUES

Si l‘on en croit Caton, à l’époque où les boulangeries d’Athènes regorgeaient de pains délicieux, les romains considéraient la fermentation fortuite de la pâte comme une catastrophe.

Il faudra attendre le II° siècle avant JC pour que les premiers boulangers professionnels apparaissent. Dès lors, des progrès techniques considérables sont apportés à la fabrication. Le premier de tous concerne le pétrissage de la pâte pour lequel les romains inventent l’ancêtre du pétrin mécanique : une cuve cylindrique dans laquelle un bras artificiel est agité grâce à un mécanisme hippomobile. Cet instrument particulièrement futuriste, n’aura pas de descendance avant deux mille ans!

Les pains mis en forme étaient enfournés dans des fours maçonnés en brique, des fours à sole plate et à toit en voûte, très semblables aux fours à bois d’aujourd’hui. Cette maîtrise technique permettait de fabriquer des pains de toutes formes mais ceux qui avaient le plus succès et qui étaient censés stimuler l’appétit des convives étaient les pains "grivois" ou "obscènes" dont plusieurs exemplaires ont été retrouvés intacts dans les ruines de Pompei.

ROME : DU PAIN ET DES JEUX

C’est tout ce que le peuple inactif sait réclamer selon Juvenal (Satires X, 81), à la fin du 1° siècle, alors que les emplois productifs sont occupés par des émigrés issus des provinces orientales.

Car tous les raffinements et tous les progrès technologiques réalisés dans la fabrication du pain à Rome ne peuvent masquer une constante : la misère. Très tôt pour éviter les troubles, les Empereurs distribuent gratuitement le pain aux chômeurs de plus en plus nombreux. Bientôt le phénomène prend une ampleur inouïe et le nombre de bénéficiaires quintuple en moins d’un siècle. A la fin de l’Empire romain, ce droit au pain gratuit devient un droit héréditaire et le jeton (la tessara) que l’on doit présenter contre le pain se transmet de père en fils!

C’est cet assistanat poussé à son paroxysme en même temps que la cupidité des aristocrates inactifs enrichis par le commerce colonial et l’accroissement du nombre des paysans sans terres prolétarisés dans les faubourgs de Rome, qui sera une des causes de l’effondrement de l’Empire à l’arrivée des "barbares" en 476 après JC.

Le pain complice du développement de la plupart des grandes civilisations méditerranéennes pouvait aussi aider à en sonner le glas.

EUROPE FÉODALE

Bien que les techniques ne cessent de s’améliorer, le fossé ne cesse de se creuser entre le pain des pauvres et le pain des riches.

Côté technique : collier d’attelage, fléau à battre et moulin à vent (au IX° siècle en Angleterre mais au XII° siècle en France seulement).

Régime féodal oblige, le grain et le pain n’appartiennent pas à celui qui les cultive. Ils appartiennent au seigneur qui possède les moulins à farine et les fours "banals" utilisables contre paiement d’une redevance.

Entre les XI° et XIV° siècles, les campagnes européennes connaissent de fréquentes famines. Le pain des pauvres est alors rarement constitué de froment pur, mais d’un mélange de méteil, d’orge et de froment à peine tamisé. A cette époque apparaissent aussi les pains de famine : pains de farine mêlée de paille, d’argile ou d’écorces d’arbre broyées, de farine de glands, de racines, ou d’herbes pillées, le tout plus ou moins cuits sous la cendre...et franchement insipide!

Au château, les seigneurs mangent des viandes découpées en lamelles et posées sur des assiettes en pain bis, les "tranchoirs". A la fin du repas ces pains assiettes imbibées des graisses et jus de viande sont traditionnellement données aux paysans. C’est leur seul luxe alimentaire.

Le pain est plus que jamais un moyen de reconnaissance sociale à tel point qu’il porte le nom de la caste à laquelle il s’adresse : "pain de cour", "pain de pair", "pain de pape", "pain de chevaliers", "pain d’écuyers", et même "pain de valets’.

Il faudra attendre 1260 pour que les boulangers parisiens s’organisent en corporation placés sous l’autorité royale. Un peu plus tard sous Charles V, ils acquièrent le droit de fabriquer trois sortes de pains : pain blanc bourgeois, pain brun et pain noir de seigle "armé de toute sa fleur de son".

FAMINES DE L'ANCIEN RÉGIME

A partir du XVI° siècle tout se gâte. La misère croissante des campagnes pousse dans les villes des populations affamées et le prix des céréales s’accroît de façon démesurée. Les découvertes aurifères des conquistadores, provoquent une inflation considérable dans toute l’Europe. Les sociétés sont profondément bouleversées.

Au XVII° siècle les disettes continuent avec quelques dates particulièrement tragiques : 1643; 1661-1662,1683, 1693 . Les révoltes croissent partout en Europe et la loi est sévère : un enfant qui vole un pain est condamné aux galères à vie.

Dans la France du XVIII° siècle, le problème le plus grave n’est pas le manque de pain mais le prix du pain. Les pains n’ont jamais été aussi beaux et les boulangeries jamais aussi bien fournies mais seuls les nantis peuvent les acheter. Le traité de panification " Le parfait boulanger" de Parmentier (le découvreur de la pomme de terre) publié à la veille de la révolution fait état de toutes les techniques, y compris les plus avancées comme celle de la fermentation au levain naturel, l’ajout de sel dans la pâte et l’utilisation de la levure de bière déjà employée dans le pain "mollet", le favori de Louis XIV.

LA RÉVOLUTION

C’est le besoin de pain qui déclencha la Révolution Française.

Les très mauvaises conditions climatiques de l’année 1788-1789 alliées à des conditions économiques dramatiques vont provoquer une des plus importantes famines de l’histoire. Au mois de mai 1789, le prix du pain atteint des sommets et personne ne peut plus se le payer. Les émeutes éclatent dans toutes les villes de province. Et lorsque le 14 juillet 1789 le peuple en colère s’empare de la Bastille, c’est pour y saisir surtout le stock de blé qui était supposé y être entreposé. Pendant le mois d’août, les privilèges féodaux sont abolis. Une sécheresse abominable s’abat sur le pays. Le pain devient encore plus hors de prix qu’il n’était. Les responsables sont tout désignés. Le 5 octobre, une armée de femmes, d’ hommes et d’enfants littéralement affamés marchent sur Versailles et tentent de s’emparer du roi, de la reine et du dauphin rebaptisés " le boulanger, la boulangère et le petit mitron". Des boulangeries sont attaquées et le peu de farine disponible est rapidement pillé.

Le 19 juillet 1791, l’Assemblée Constituante impose des prix obligatoires au pain et autorise les boulangers à cuire un seul type de pain : le "pain d’égalité" fait d’une farine mélangée de 3/4 de blé et 1/4 de seigle avec le son.

C’est encore au nom de l’égalité que le blé supplantera en France toutes les céréales.

En 1796, la famine n’est toujours pas totalement réduite mais le pain blanc, apanage des riches, est devenu officiellement le pain de tous les français.



ÉVOLUTIONS TECHNIQUES : XIX° ET XX ° SIÈCLES

Les évolutions techniques se sont produites parallèlement sur plusieurs fronts :

méthodes de fermentation, pétrissage, fours et minoterie.

- Dans le domaine des méthodes de fermentation : l’utilisation de la levure de bière, dès 1665, devait conduire, près de deux siècles plus tard, à une sorte de levure idéale inventée par un distillateur de Vienne. La levure issue de cette méthode se révéla si fiable qu’elle fut utilisée en Europe jusqu’en 1904.

Mais ce fut un boulanger polonais qui franchit un pas décisif en trouvant le moyen de se passer de levain. Cette méthode connue sous le nom de "poolish" permettait d’obtenir un pain moins acide connut sous le nom de "pain viennois". Son succès en France fut considérable jusqu’aux années 1920. Puis il fut remplacé par un nouveau "pain fantaisie", tout en longueur, à la croûte fine et craquante et à la mie couleur crème, légère et alvéolée célèbre sous le nom de "baguette", "bâtard", ou "ficelle".

- Dans le domaine du pétrissage, d’importants progrès furent réalisés à partir de l’invention du pétrin mécanique, au XIX ° siècle. Toutes sortes de mécanismes virent alors le jour : pétrin à manivelles, pétrin hippomobiles sur le modèle des pétrins antiques, pétrin hydraulique... mais il faudra attendre la fin du siècle et l’apparition des moteurs à essence et électriques pour des avancées convaincantes.

Au milieu des années 1920 en tout cas, le pétrissage à bras avait totalement disparu.

- Les fours bénéficièrent sensiblement des mêmes progrès. Jusqu’aux années 20, on emploiera toujours une version améliorée des fours à bois. Puis les boulangers équiperont leur four de brûleur au gaz ou au mazout. Les fours électriques les remplaceront à mesure que le prix de l’ électricité baissera.

- La minoterie moderne, quant à elle, est née en Amérique, à la fin du XVIII° siècle, avec les premiers moulins à vapeurs. A la fin du XIX° siècle, en Hongrie, les meules de pierres seront remplacées par des cylindres de métal. La fine farine issue de ces moulins hongrois deviendra célèbre dans le monde entier et aidera à répandre universellement l’usage des moulins à cylindres de métal .

- Enfin avec les découvertes génétiques faites en 1860 par le moine botaniste Gregor Mendel, l’ancestrale culture du blé elle-même devait connaître des bouleversements majeurs.

Il faudra attendre près d’un siècle pour que soient appliquées ces méthodes d’hybridations qui donnent aujourd’hui encore au blé ses incomparables qualité boulangères .

EVOLUTION DE LA CONSOMMATION : XX° SIÈCLE

Au XX° siècle, le pain a continué à jouer le rôle primordiale qui a été le sien tout au long de l’histoire de l’ humanité.

Au moment de la première guerre mondiale, il servit une fois de plus d’arme stratégique ; en avril 1917 notamment, lorsque les U.S.A privèrent l’Allemagne et l’Autriche de blé précipitant ainsi leur chûte.

Pendant la crise économique des années 30, les français défilaient dans les rues au cri de : "Du travail et du pain".

Lorsque l’Allemagne nazie étendit son ombre sur le monde, ses dirigeants firent main basse sur tous les stocks européens de blé. On vit alors apparaître les tickets de rationnement et les pains de substitution : pain de farine de fèves, de riz, de maïs d’orge et même de pomme de terre.

Il était loin ce chef-d’oeuvre de la boulangerie des années 30 appelée " baguette" qui fut à l’origine de la réputation mondiale du pain français !

Dans les années 50, une nouvelle technique de pétrissage dite "intensifiée" permet d’obtenir, grâce à une oxydation excessive de la pâte, un pain d’une blancheur immaculée. C’était exactement ce que réclamait l’époque lasse des pains grisâtres de la guerre, synonymes de mauvaise qualité et de rationnement. Mais cette blancheur aura un prix : la fadeur, l’inconsistance de la mie et surtout une conservation du pain réduite à quelques heures.

D’abord séduits, les français se lassent vite de ce pain. Alors que dans les années 30 un français consommait en moyenne 500 grammes de pain par jour, il n’en consomme plus que 200 grammes dans les années 70 et 60 grammes dans les années 80.

RETOUR À L'AUTHENTICITÉ

Pain fabriqué en usine, pré-tranché et pré-emballé ou pain blanc cotonneux prétendument artisanal, le pain des années 60- 70 n’a plus grand chose de commun avec le pain. Le coup final sera porté avec la technique de surgélation transformant bon nombre de boulangeries en "terminaux de cuisson".

Au début des années 70 cependant, un réaction salutaire se produisit. En France on vit réapparaître sous le nom de "miches de campagne" des pains dignes de ce nom.

Peu à peu les boulangers redécouvraient les vertus des bonnes farines, de la cuisson au feu de bois, du levain naturel et de la pâte peu pétrie mais longtemps fermentée. Si bien que l’on peut aujourd’hui retrouver, un peu partout dans le monde, un pain de grande qualité gustative.
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Message par Aphrael » Mar 14 Juin 2005, 10:10

C'est bien vos petits articles pour s'occuper quand on n'a pas envie de bosser :wink:.
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Message par Ighmarr » Mar 14 Juin 2005, 10:25

bah j'en remet une couche alors :green: :green:
special dédicace a Aphrael :wink:


D'abord les hommes vécurent de fruits et de venaison, ils essayèrent de vivre de pèche.

Ils tournèrent leurs regards vers les racines, vers les herbes; ils comprirent que leur salut, était dans cette admirable mère qu'on nomme la terre, et ils cultivèrent et soignèrent la féconde et généreuse nourrice. Alors l'agriculture naquit.

Il est probable que l'homme s'attacha, dès le début à la culture des végétaux qui lui semblèrent contenir le plus d'éléments nutritifs, à la Culture de ce qu'on appelle les céréales, et qui sont : le blé ou le froment, le seigle, l'orge, le maïs, le riz, l'avoine le millet, le sorgho, le blé noir ou sarrasin, quoiqu'il appartienne à une famille différente.

A ces graminées on peut ajouter les légumineuses fèves, haricots, pois, lentilles, gesses, etc., et plusieurs légumes à Racines : la pomme de terre, l'igname, la rave, la carotte. Telles furent-les premières bases de l'alimentation végétale.

L'agriculture frappa si fortement l'esprit des peuples, que, dans toutes les contrées où l'état sauvage ne s'est pas maintenu, on la trouve mêlée d'une façon ou d'une autre à la religion, comme une chose essentiellement divine. (1)

Ainsi, sans parler des diverses formes, des divers noms sous lesquels on a adoré la terre en Orient ou en Occident, chaque région voua un culte de reconnaissance à l'être qui, selon la croyance commune, avait appris aux hommes à labourer, semer, & moissonner. (2)

En ce qui concerne le blé, on a constaté qu'il manquait en Amérique lorsqu'on découvrit ce continent; à part cela, il est démontré qu'on l'a récolté dans tous les premiers temps sous les climats tempérés et chauds.

Quant au pain , tel que nous le mangeons, comme toute invention humaine, il a une histoire; mais cette histoire a de vagues commencements.

On sait pourtant que les Égyptiens traitent la fabrication du pain avec le levain plus de 1000 ans avant Moïse; par conséquent, qu'ils connaissaient les principes de la fermentation, le gaz carbonique et ses propriétés; qu'ils avaient des moulins, des fours et tout ce qui sert à la boulangerie.

Le Égyptiens font un pain avec de la farine de graine de Lotus et qui est comparable à du mil. Il est pétri avec de l'eau et du lait. ( Hérodote, Histoire, II, 92 ; Théophraste, Histoire des plantes, IV, 8,II).

Pline nous dit qu'il est consommé chaud et qu'il est facile à digérer et léger. Dans sa composition il est intégré parfois de la graisse blanche, du miel, des œufs. On y mêle aussi des fruits, comme de la figue, du palmier et du jujube. Les premières tartines " goûter de 4 heures " font leurs apparitions sous forme de galette de blé sucré sur lesquelles l'on étale, au choix, marmelade de date ou miel. (Histoire naturelle", XXII, 28).

Également, Athénée, nous parle du pain, notamment dans un long chapitre du Banquet des Savants (Livre III, 425 à 455). Références nombreuses au pain (panis) avec et sans levain, cuit au four (ipnite) , d'orge ou de seigle ( épeautre et tiphee). Athénée nous dit également qu'il est bon de manger du pain avec du vin, d'une part par ce-que le moelleux du pain est un plaisir, mais aussi "que le mélange dissipe souvent les fumées du vin qui commencent à porter à la tête...". De nombreuses références font état des textes de grecs anciens à propos du pain.

Nous soulignons intentionnellement : avec le levain, parce que l'Exode (texte de la Bible) nous apprend qu'après leur sortie d'Égypte, les Hébreux, durent manger du pain sans levain, du pain non fermenté, et cuit sous la cendre.

Le principe de la fermentation était donc connu en Orient ; l'usage du levain (ou pâte qu'on a laissé aigrir, ou levure de bière) ajouté au moment de la trituration à la pâte fraîche, afin de faire subir à cette pâte la fermentation, existait donc en Égypte et en Asie aux époques les plus reculées.

Plus jeunes, comme peuple, que les Indiens, et les Égyptiens, les grecs, ne firent du bon pain, du pain fermenté, que douze ou quatorze siècle avant l'ère vulgaire.

Pour les Romains, ils ignoraient encore la mouture lors de l'invasion gauloise.

Jusqu'à l'an 380 avant J.C., ils se bornèrent à torréfier le grain, puis à le concasser dans des mortiers de pierre avec des pilons de bois dur, garnis de fer. Avec le blé ainsi broyé, ils faisaient une sorte de bouillie qu'ils laissaient refroidir pour la couper ensuite par tranches qu'ils mettaient cuire au four ou sous la cendre.

Les guerres dans la Grande-Grèce, en Épire et en Macédoine, les initièrent aux procédés de la panification, et ils se servirent alors de farine obtenue à l'aide de moulins à vent, à eau, à bras ou à manège, et de levain.

Par la suite, les boulangers romains ne le cédèrent point aux boulangers grecs. La panification était plus avancée en Gaule qu'en Italie.

Nos ancêtres, prétend-on, ont appris des Grecs à faire le pain.

Ce qui parait hors de doute, c'est que les Gaulois fabriquaient du pain avec du levain ordinaire ou de la levure de bière, cinq ou six cents ans avant notre ère.

Le commerce de la boulangerie est à présent complètement libre; mais il n'en a pas toujours été ainsi.

Les particuliers mêmes n'ont conquis que fort tard la liberté de cuire le pain indispensable à leur consommation personnelle

Sous le régime féodal, le vassal était obligé de faire moudre son grain au moulin du seigneur, de faire cuire son pain au four du même, et de payer pour cela, un droit qu'on nommait banalité.


Le droit de four banal, dit Mr. Chéruel, était un privilège féodal. Le seigneur pouvait contraindre tous ceux qui habitaient ses domaines à venir aux moulins et au fours banal. Ce droit de banalité était inféodé, moyennant redevance, à des boulangers qu'on appelait fourniers. Le droit de banalité s'appliquait aussi aux pressoirs, forges, boucheries, etc.

On appelait fournage le droit que le seigneur prélevait sur tous ceux qui étaient soumis à la banalité.
Quand, durant les croisades, des seigneurs vendirent aux communes des banalités, pour couvrir les frais de leurs voyages en Orient, les communes, qui ne pensaient pas à la liberté commerciale, cédèrent, à leur tour, ces droits à des corps de métiers, et de là naquirent en partie les corporations privilégiées jusqu'à la Révolution.

Les corporations des boulangers furent des premières organisées.

On commence à signaler sous Philippe-Auguste, auquel elles payaient une redevance appelée hautban, la corporation des boulangers de Paris, nommée corporation des talemeliers (3). Saint Louis lui donna des statuts où l'on rencontre, d'après M. Ludovic Lalanne, ces particularités : Le nouveau talemelier devait, après quatre années d'exercice, aller, en compagnie de tous les talemeliers et du maître valet appelé joindre (geindre), devant la maison du maître des talemeliers avec un pot neuf en terre rempli de noix et de nieules (oublies) et s'exprimer en ces termes " Maître, j'ai fait et accompli mes quatre années. " Les assistants ayant confirmé son dire, le maître lui rendait son pot, que l'autre allait jeter dehors contre le mur de la maison, puis tous entraient : on devait leur donner " feu et vin ", et chacun d'eux, en revanche, payait au maître un denier.

On retrouve la trace de cet usage dans des statuts du dix-septième siècle.

Les nouveaux maîtres, pendant les trois premières années qui suivaient leur réception, devaient payer au grand panetier (le chef de la maîtrise depuis le dix-septième siècle) cinquante-deux deniers de compte, et au bout de trois ans lui apporter un pot neuf de terre verte ou de faïence, garni d'un romarin ayant sa racine entière, aux branches duquel romarin y aura des pois sucrés, oranges et autres fruits convenables suivant le temps, et ledit pot rempli de pois sucrés (dragées)." Plus tard, la redevance du pot de romarin fut changée en celle d'un louis d'or.

En vertu des statuts de 1305, les talemeliers de Paris, par suite de l'observance des fêtes religieuses qui leur était rigoureusement imposée, ne pouvaient cuire tous les jours de l'année

D'abord ils dépendirent du grand panetier de France; en 1611, la juridiction particulière dont ils jouissaient fut supprimée, et ils passèrent sous l'autorité du prévôt de Paris et du lieutenant de police.

A partir du règne de Louis XIV, et jusqu'en 1789, le nombre des maîtres boulangers de la capitale fut restreint.

L'apprentissage durait cinq ans, le compagnonnage quatre. Ainsi que dans toutes, les autres corporations, il fallait présenter un chef-d'oeuvre, quelque brioche, par exemple; les fils des patrons seuls étaient dispensés de cette obligation.

Le brevet de boulanger coûtait quarante livres; la maîtrise en coûtait neuf cents.

Le saint protecteur de la corporation était Saint-Honoré.

Le grand panetier, dont nous venons de parler, était un des principaux officiers de la couronne; il avait juridiction sur les boulangers de Paris et jouissait de différente droits et privilèges.

Le grand panetier, Lisons - nous dans " l'État de la France " de 1749, n'a que 800 livres de gages et ne sert ordinairement que dans les grandes cérémonies et aux jours de grandes fêtes. Alors, quand le roi est sorti de sa chambre pour aller à la messe, le sert-d'eau crie par trois fois du haut du balcon ou du haut de l'escalier : " Messire N., grand panetier de France, au couvert pour le roi. "

Au moyen-âge, la fonction était plus importante et mieux rétribuée. La grande paneterie était l'une des deux divisions du gobelet du roi, et, son personnel se composait : d'un grand panetier aux appointements de seize cents livres, de douze sommeliers, de quatre aides, d'un garde-vaisselIe, de deux porteurs, et d'un lavandier. Ce personnel avait à préparer, à laver et à resserrer le couvert du roi : assiettes, plats, coupes, linge, pain, etc.

On a une liste incomplète des grande panetiers de France; le premier sur cette liste est Eudes Arrode, mort en 1217; le dernier est de Cossé, duc de Brissac, mort en 1782.

La consommation du pain, comme celle de la viande, ne s'est développée d'une façon rationnelle que de nos jours.

Pendant des siècles, les paysans de France ne mangèrent que la moitié de le quantité de pain qu'ils consommèrentau XIXe; aussi, quand on le sait, ne s'étonne-t-on par de ce portrait saisissant tracé par cet immortel peintre de moeurs qui s'appela la Bruyère.

" L'on voit certains animaux farouches, des mâles et des femelles, répandus par la campagne, noirs, livides et tout brûlés du soleil , attachés à la terre qu'ils fouillent et qu'il remuent avec une opiniâtreté invincible; ils ont comme une voix articulée, et, quand ils se lèvent sur leurs pieds, ils montrent une face humaine, et, en effet, ils sont des hommes. Ils se retirent la nuit dans des tanières, où ils vivent de pain noir, d'eau et de racines; ils épargnent aux autres hommes la peine de semer, de labourer et de recueillir pour vivre, ils méritent ainsi de ne pas manquer de ce pain qu'ils ont semé. "

ls en manquaient pourtant, et souvent; ils en manquaient au point qu'à la suite des guerres désastreuses de la fin du règne de Louis XIV, ils furent réduits à brouter de l'herbe ! "

" Vos peuples meurent de faim, écrivait au grand roi, vers cette époque, Fénelon. La culture des terres est presque abandonnée; les villes et les campagnes se dépeuplent; tous les métiers languissent; tout le commerce est anéanti. "

Et Vauban :

" Près de la dixième partie du peuple est réduite à mendier, les neuf autres parties, cinq ne peuvent faire l'aumône à celle-là, dont elles ne diffèrent guère; trois sont fort malaisées; la dixième ne compte pas plus de 100 000 familles, dont il n'y a pas 10 000 fort à l'aise ".

A ce moment, les fermes les plus considérables étaient désertes, le sol de la France retombait en friche, et il semblait qu'on dut revoir les terribles années de famine du moyen âge, ces années durant lesquelles le cannibalisme avait reparu chez nous et où l'on mêlait argile à la farine pour faire du pain.

" Labourage et pâturage sont les deux mamelles qui nourrissent la France, les vraies mines et trésors du Pérou ", avait dit Sully, et avec lui Henri IV; mais Louis XIV ne partageait pas les sentiments de sage prévoyance de ces deux grands hommes: aussi, quand son royaume fut épuisé par ses guerres et ses dépenses vaines, ses sujets de classes laborieuses souffrirent-ils affreusement.

Alors, c'est tout au plus si, en moyenne, chaque individu consomma, par jour,trois cents grammes de pain, de sarrasin généralement, car les riches seuls étaient à même de se procurer du pain de froment, de pain de sarrasin on d'avoine, et tel que celui qu'on mangea à Paris pendant le siège de 1870-1871.

Nous dirons de la boulangerie, qu'on désigne les pains par leurs formes: pains ronds, longs, cornus, à couronne, et par leur pâte et leur qualité : pain de pâte ferme, pain mollet, pain blanc, pain bis.

Jadis on avait une infinité de sortes de pains de fantaisie uniformément fait, avec de la belle farine de froment, et où il entrait soit du lait, soit du beurre, soit du jaune d'oeuf; par exemple : le pain à la reine, le pain à la Montauron, le pain de Gentilly, le pain de condition, le pain de Ségovie, le pain de Gonesse, le pain Chaland, le pain mouton; nous ne sommes pas moins favorisés, sous ce rapport, que les consommateurs du dix-huitième siècle, et l'on peut dire que nos boulangers sont passés maîtres dans l'art de panifier, témoin le pain riche, le pain dit viennois, le pain de fine fleur de froment, le pain de gluten, inventé pour les diabétiques, et quantité d'autres variétés de pains succulents qui tendent à rapprocher la boulangerie de la pâtisserie.

Mentionnons encore le pain de munition, fait avec de la farine de froment blutée à 15 pour 100, ou dont on a extrait 15 kilogrammes de son sur 100 kilogrammes de grain moulu (en raison de sa composition, ce pain se laisse si mal pénétrer par les liquides qu'on est obligé. de le remplacer, dans la soupe, par du pain blanc); le biscuit de mer, pain de pâte ferme découpé à l'emporte-pièce en tablettes qui sont ensuite percés de trous pour faciliter l'échappement des gaz quelles renferment et les empêcher de lever, et qu'on cuit jusqu'à dessiccation; les grissini, de Turin, petits bâtons de 30 à 40 centimètres de longueur, très croustillants, fabriqués avec de la farine de gruau, légers à l'estomac et agréables au palais; le pain bénit, réminiscence des agapes des premiers siècles du christianisme, et le pain d'épice, qui est, à Paris, l'objet d'une foire fameuse. Le pain bénit est mêlé d'oeuf et de beurre; le pain d'épice est un composé de belle farine, de miel et d'épices: cannelle et clous de girofle réduits en poudre, auquel on ajoute, à volonté, des amandes, des zestes de citron et des écorces d'orange confits et hachés menus, de l'anis et de la coriandre. N'oublions pas non plus le pain de riz, le pain de maïs et le pain de manioc.

Paris, mi-XIXe siècle, ne possédant que trois ou quatre moulins à vapeur, il y entre relativement peu de grain; son approvisionnement se fait en farines provenant spécialement des blés de Brie, de Beauce, de Picardie, et pulvérisés, dans les départements voisins du département de la Seine. Les blés que la France reçoit d'Odessa, d'Amérique et d'Australie, fournissent aussi leur contingent à la consommation parisienne.

On compte quatre cents moulins d'une grande puissance dans les trois départements de Seine-et-Oise, de Seine-et-Marne et d'Eure-et-Loir. Sur ces 400, le département de Seine-et-Oise en possède, pour sa part, 250.

Quant aux boulangers, depuis le décret du 22 juin 1803, qui a proclamé la liberté de la boulangerie, leur nombre a beaucoup augmenté. A Paris, il est aujourd'hui de deux mille, sans parler des dépôts de pain, dont le chiffre est de cinq ou six cent.

Jusqu'au début du XXe siècle, il est à remarquer que le pain français à été reconnu comme le pain le plus agréable d'Europe.
Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'Homme par l'Homme.
Le syndicalisme, c'est le contraire.
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Message par Yu' » Mar 14 Juin 2005, 11:54

personne ne veut faire un résumé ? ^^
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Message par pioupiou0612 » Mar 14 Juin 2005, 11:54

ca parle de pain :wink: :green:
«Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité.»
[ Albert Einstein ]
"La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne.
La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi. "
[ Albert Einstein ]

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Message par Yu' » Mar 14 Juin 2005, 12:02

alors ça, je m'en serais aps douter toute seule :p
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Message par pioupiou0612 » Mar 14 Juin 2005, 12:04

tu me demandes de resumer alors je resume :roll: :wink: :green:
«Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité.»
[ Albert Einstein ]
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Message par Yu' » Mar 14 Juin 2005, 12:10

piou !
le pain ça doit être le premier mot du truc :p
j'ai quand mm lu la première frase ...
puis après g vu ke ct trop long :p
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Message par Ighmarr » Mar 14 Juin 2005, 12:12

j'ai caché un mot cochon dans le texte ... qui le trouvera en premier ??
Le capitalisme, c'est l'exploitation de l'Homme par l'Homme.
Le syndicalisme, c'est le contraire.
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