par Elisabeth » Lun 29 Sep 2003, 08:00
Pour moi, "La vie est belle" (surtout la seconde partie), n'est pas comique. C'est ironique, acide. Je pense que ceux qui ont cru que Benigni voulait faire rire avec ça sont passés complètement à côté de la plaque. Il aborde ça sous un autre angle. C'est plus de l'humour acide qu'autre chose. C'est une fiction, mais ça nous rappelle qu'il ne faut jamais oublier l'horreur, que tout cela s'est passé, que ça ne doit surtout pas recommencer.
Quand Guido dit que c'est un jeu et tourne l'horreur en dérision, cela rend cette horreur plus criante, plus palpable pour le spectateur. Le spectateur qui argumente que Benigni veut s'amuser avec quelque chose d'horrible, n'a rien compris, à mon avis.
D'ailleurs, la première partie du film est très très drôle. Là, c'est le rire joyeux, le rireinsouciant. Et puis on arrive dans les camps et on découvre le contraste saisissant avec l'humour acide, l'ironie cinglante. La deuxième partie m'a faite rire jaune, voire pleurer, tellement ça criait: "C'est arrivé! Ca s'est passé comme ça!" Plus le père essaie de cacher la vérité à son fils, plus elle apparaît dans toute sa crudité au spectateur.
Quand j'étais en seconde, un ancien résistant aussi est venu témoigner au lycée. Je n'évoque pas ce témoignate sans frissons. Je pense que pour ne pas oublier, pour tout faire pour que cela ne se reproduise pas, il faut tous les types de témoignages. Il faut des témoignages de gens qui ont vécu l'horreur, qui la racontent telle qu'ils l'ont vécue, (les anciens déportés, les témoignages écrits, comme la biographie d'Anne Frank qui s'appelle "Anne Frank, Les secrets d'une vie", et tant d'autres témoignages écrits), et il faut aussi des fictions qui abordent ça autrement, mais qui, pour ceux qui se donnent la peine de comprendre, pour ceux qui ne commencent pas par tirer dessus juste parce que c'est fait humoristiquement, analysent aussi bien ce qui s'est passé.
Blacky, avant de parler de film comique, regarde "La vie est belle"... Après, si tu n'aimes pas, si tu ne vois pas, comme moi, que l'humour fait d'autant mieux ressortir l'horreur, je veux bien en parler, mais pas avant.
Tenshi m'a piqué la phrase qui me résume pour en faire sa signature, mais c'est lui le plagiaire, donc je la reprends, ;-) :
"C'était les choses les plus compliquées qui m'attiraient. Elles m'attiraient parce que j'étais moi-même la chose la plus compliquée, la complication étant
moi-même." [Jean-Jacques Langendorf, "La nuit tombe, Dieu regarde", éditions Zoé, 2000.]