Texte : Histoire de vie

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Texte : Histoire de vie

Message par Yu' » Dim 08 Mai 2005, 19:57

Puisque tout le monde a l'air super motivé (ct ironike :green: ) je commence au moins à faire les posts ...
Donc, ici, c'est Histoire de vie, cad tout ce qui fait appel aux émotions, aux sentiments : amour de toute sorte, amitié, haine, etc etc mais aussi histoire de famille : divorces, mariages, etc etc
postez bien :razz:

Ne poster que vos textes à la suite sous peine de delete
Un post spécial pour discuter des textes sera créé
« Si j'y vais, ce n'est pas pour mourir mais pour me prouver à moi même que je suis encore vivant. »
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Yu'
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Message par Yu' » Lun 09 Mai 2005, 19:46

Il faut bien commencer un jour ou l'autre ...
(en +, avec un peu de chance, s'il n'y a QUE mes textes, je gagnerais pe :p)


Arc-en-ciel

Aujourd’hui, Céline se souvient …
C’était il y a une soixantaine d’années, peut-être plus. Rébecca lui avait téléphoné, un soir d’hiver.
« Tu sais quoi, Céline ? Eh bien ma grand-mère a enfin compris que je ne jouais plus à la poupée ! Tu sais ce qu’elle m’a offert ? «
Chaque Noël, le même rituel : Rébecca l’appelait pour lui dire ce que sa grand-mère maternelle, la seule qu’il lui restait, lui avait offert. C’était toujours des choses farfelues, le plus souvent des poupées ou des jouets d’enfants.
« Non ! ? Raconte ! »
« Une boîte à maquillage ! »
Tout avait commencé là. Ces souvenirs s’enroulaient autour de trois petits mots : Boîte à Maquillage. Des mots magiques, en vérité, pour une jeune fille de 16 ans. Maquillage signifie Beauté, Beauté signifie Liberté.
Céline ferme les yeux. Elle n’est pas sûre de vouloir continuer. Pourtant la cicatrice brûle sa paume, la pressant de repartir en arrière.
C’était une jolie boîte grise, en plastique il est vrai, mais belle quand même. Lorsqu’on ouvrait le couvercle, on voyait sur le dessus une multitude de petits rectangles de fards à paupières, quarante-huit pour être précises, elles avaient compté. Puis, dans un petit compartiment secret, sous les fards à paupières, quatre fards à joues, six « gloss. » et un petit miroir. Le tout était bien sur accompagné de petits pinceaux et brosses de toutes sortes.
La première fois que Rébecca l’avait essayé, elles étaient toutes les deux. Elles avaient religieusement soulevé le couvercle, poussant toutes deux des « oh ! » d’étonnement. Quarante-huit petites pastilles de couleurs, six rangées de huit pastilles allant de la plus claire à la plus foncée. Il y avait de tout : dégradé de marron, de gris, de vert, de rose, de bleu, … Une boîte à maquillage, une boîte de couleur. Un arc-en-ciel en boîte comme disait Rébecca. Elles s’étaient chacune saisie d’une petite brosse et devant la grande glace murale de la salle de bain, elles s’étaient maquillées, la bouche ouverte, comme lorsqu’une femme s’applique à étaler du mascara sur ses cils, sans faire de paquet, en les séparant bien les uns des autres. Pour Rébecca du vert, pour Céline du bleu. Grands sourires, comparaisons, rires. Puis démaquillant et changement de couleur. Du rose pour Rébecca, du gris pour Céline. Le lendemain, au lycée, Rébecca était arrivé, parée comme une reine, un dégradé de marron sur les yeux. Peu de gens le remarquèrent mais les deux amies le savaient et ces couleurs mélangées brillaient pour elles comme brille le soleil.
L’accident ne devait se produire que deux jours plus tard. Rébecca traverse la rue, se retourne et éclate de rire à la douce plaisanterie de Céline. Elle s’en souvient encore, c’était à propos de Lucas, le garçon le plus beau garçon du Lycée. Il voulait sortir avec l’une des deux, c’était sûr ! Et toutes deux étaient déchirées entre leur propre bonheur et celui de son amie. Une voiture arrive, crissement de pneus. Un corps sans vie sur l’asphalte. Céline court, comme dans un rêve, crie. Un léger sourire sur les lèvres de la morte, comme si un Ange l’avait effleuré de son aile de lumière. Déchirement.
Plus tard, il avait fallu trier les affaires de Rébecca, ses parents ne voulaient pas tout garder. Céline était tombée, par hasard, sur la boîte d’arc-en-ciel « Tu peux prendre tout ce que tu veux » avaient-ils dit. Elle l’avait prise.
Elle du attendre trois ans encore avant de pouvoir l’ouvrir. Tout était là, les gris, les ocres, les roses, les bleus, les verts, bien alignés dans leur écrin gris perle. Seules quelques pastilles avaient été utilisées. Céline ouvrit le compartiment, inspecta son visage dans le miroir. Un joli visage. Mais des yeux si tristes. La lumière qui les habitaient était partie en même temps que Rébecca. Sur les pastilles de rouge à lèvres, on voyait encore les traces des doigts de Rébecca. Et Céline la revoyait encore, testant les couleurs sur sa main. Céline posa alors son doigt sur un des fards à joues, le plus rose, aucun n’avait été utilisé. Rose comme la couleur préférée de Rébecca. Cela formait un petit rond brillant, comme une tache de lumière rose sur son doigt. Elle l’estompa doucement avec son pouce, pensive, jusqu’à ce qu’on ne voie plus qu’un voile de paillettes. Puis elle en reprit et l’étala doucement sur la paume de sa main gauche, au cœur de la paume. Là où brillaient une minuscule cicatrice, vestige du passé. Sœurs de sang. Elles étaient sœurs de sang. Elles s’étaient coupées, ave la pointe d’un couteau, avaient crié, ensembles. Puis elles avaient collé leurs paumes, scellant leur alliance.
Aujourd’hui la cicatrice fait toujours aussi mal, mal au cœur. Tout au long de sa vie, à chaque levé du jour, Céline aura étaler un peu de ce fard à joues rose au creux de sa main. Toute sa vie, elle l’aura estompé jusqu’à ne plus apercevoir qu’un millier d’étoiles. Aujourd’hui, la boîte est restée la même. Seul le miroir s’est voilé. Et, à la place de la pastille rose, ne demeure qu’un creux de métal étincelant. Céline aura usé toute sa vie cette poudre de lumière diffuse. Aujourd’hui, il n’y en a plus, elle est prête à partir. Elle pose précautionneusement sont doigt sur la pastille de fard à paupières verte, la première que Rébecca a touchée. Elle l’estompe doucement au creux de sa paume, sur sa cicatrice. Puis elle referme doucement le couvercle de la boîte sur ses souvenirs enfouis qui ne le sont plus. Et elle s’endort, calmement, sur son fauteuil moelleux. Elle s’endort vers un sommeil éternel.
Aujourd’hui Céline est morte à 78 ans. Céline est morte de tristesse.
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Message par Yu' » Lun 09 Mai 2005, 19:48

Mon amour,

Je sors par la porte-fenêtre, entrouverte sur la nuit. Il fait si doux. La lune brille d’un éclat particulier. Une sorte de halo blanc l’entoure. Elle est à peine voilée, comme si elle était entourée de brume. J’inspire un bon coup. L’air sent si bon. Il sent l’été. L’herbe coupée, la chaleur, la plage, les souvenirs … Il est tard. Il est tard et les étoiles brillent. Je voudrais rester là toute ma vie. Une nuit d’été sans toi. Comme je me sens seule. Comme je me sens triste. Le ciel, lui, ne pleure pas alors qu’une larme coule sur ma joue. La caresse du vent léger du soir me fait penser à tes doigts sur ma nuque.
Comme tu me manques. Mon cœur est vide sans toi. Mes nuits sont trop longues et mes jours s’éternisent. Je voudrais que tu sortes enfin de ta prison de rêves. 58 mois exactement. J’ai compté. Triste chiffre en vérité. Pas tout à fait 5 ans … mais presque. J’ai l’impression que ça fait une éternité que tu m’as quittée pour t’enfermer dans une cellule imaginaire. Ton corps vit, se nourrit, respire, mais ton esprit dort. Comme je t’aime !
Les médecins disent qu’il n’y a plus aucun espoir. Ils veulent te débrancher. Tu ne ressens rien mais tu entends peut-être m’ont-ils dit. Alors je te lis doucement les lettres que je t’écris. Je te décris le monde. Ton coma est si profond. On dirait que tu dors. Tu dors depuis bientôt 5 ans. Comme je t’aime !
Te rappelles-tu, lors de nos dernières années ensembles, ce même soir du 1er juillet. Nous étions blottis l’un contre l’autre, enlacées au clair de lune. Un torrent d’eau jaillit de mes yeux. Je suis une fontaine comme celle de Rome, il y a 6 ans. Notre nuit de noce. Les étoiles brillent au-dessus de ma tête. Si fort. La même lumière. Je me rappelle aussi de notre première fois. Par une nuit d’été aussi. Nous avons tout fait en été. Tu aimais tellement cette saison. Et cette chaleur. J’espère que tu rêves du Soleil.
Je vais aller me coucher. Sans toi. Depuis 158 mois. Avec ton corps dans ma mémoire, ton odeur sur ma peau, ton souvenir dans mes bras, ton rire dans les draps froissés.
Ils te débranchent demain. Ce sera ma dernière lettre. La dernière que je te lirais. Mon au revoir. Il n’y a plus d’espoir. Je n’ai jamais pleuré pendant ces 158 mois. Je te le jure. Tu m’as dit d’être forte dans les moments les plus durs. De montrer à la Vie qui je suis, de ne pas me laisser abattre ! Mais là, je ne peux plus. Mon corps se tord de douleur. Douleur morale, douleur mentale. Je tremble. Je n’arrive même plus à me lire. Mon écriture est saccadée et mouillée. J’ai si mal. Mon cœur se brise en morceau. Mes yeux sont voilés. J’écris à tâtons. Sans voir les mots. Sans voir les lignes que je trace d’une main tremblante.
Tout s’entremêle. Tour s’emmêle. Mes pensées dérivent. Je ne comprends plus rien. Je te pleure. Et je pleure le monde avec toi. Car sans toi, mon monde n’existe plus. Je t’aime si fort. Si fort. Si fort que mon cœur éclate. En mille morceaux d’amour. J’ai trop d’amour à te donner. A toi qui ne peux plus le recevoir. Je t’aime plus que tout au monde.
Mon Lucas, Adieu …

Ton Ambre à jamais.


-------------------------------------------------------------------------------------


Cher Lucas,
J’ai retrouvé les lettres que je t’écrivais et que tu n’as jamais pu lire. Je t’en écris une dernière, pour clore la série. Tu ne la liras jamais celle-là non plus. Puisses-tu avoir trouvé le repos éternel dans ton monde de rêves.
Je t’ai pleuré. Pendant si longtemps. Vivant comment une âme errant, comme une ombre.
Puis j’ai relevé la tête. J’ai ouvert les volets. J’ai lavé mes cheveux. Je me suis habillée. J’ai mis ma petite robe rouge que tu aimais tant m’enlever. Elle me va toujours. Nous sommes en été. Encore et toujours. Cela fait 1 an. Il m’a fallu un an pour étancher ma soif de larmes.
Je me suis assise devant le miroir. Par terre, en tailleur. Je me suis maquillée. Un soupçon de rouge aux joues. Anti-cernes. Crayon vert. Mascara. Fard à paupières. Rouge à lèvres. J’ai plissé les yeux. Etiré mes lèvres. Il m’a fallu un bon quart d’heure pour arriver à sourire. Mais malgré le temps, ces choses-là ne s’oublient jamais. Qu’il était pâle ce sourire ! Mais c’était un sourire quand même.
Alors j’ai fermé les yeux. Et je t’ai vu. En train de sourire. Alors je me suis mise à rire. Comme une folle.
L’assistante sociale est arrivée à ce moment-là. Au début, elle a cru que je pleurais. Puis ces yeux se sont écarquillés. Sa bouche a formé un rond parfait. Et j’ai rit de plus belle. Tu m’aurais vu ! Je riais. Je riais. Je rattrapais un an de rire perdu. Elle m’a prise pour une folle !
Alors, je me suis levée, je l’ai serrée dans mes bras. Et je suis sortit dans la rue. Comme ça. Pieds nus. Et je riais. Je riais. Tout le monde se retournait sur mon passage. Mais moi, je m’en fichais. Au fond de mon cœur raccommodé ton sourire brillait et brille toujours. Je me suis assise sur l’herbe du grand parc. J’ai roulé dans la pente jusqu’au bac à salle. Sur ma robe, s’éparpillait une galaxie de brins verts. Les gens me prenaient pour une folle échappée de l’asile. Et je riais. Je riais. Puis j’ai virevolté jusqu’à la fontaine. Et je me suis aspergée. Comme notre bataille d’eau, à Florence, tu te souviens ?
Puis j’ai arrêté de rire.
Sur le banc, en face, un jeune homme. Dans ses yeux, toute la peine du monde. Alors je me suis approché de lui. Et je lui ai sourit. Un grand sourire ! Digne des tiens. Et je lui ai dit : « Quelle que soit la raison pour laquelle tes yeux pleurent, elle ne vaudra jamais un éclat de rire ! » Il m’a sourit tristement. Son cœur à lui aussi s’était déchiré. Je lui ai pris la main. Et je l’ai serré très fort. Très très fort. Et je lui ai murmuré, tout bas, à l’oreille : « Moi aussi j’aurais voulu qu’on me tienne la main. »
Alors, tout bas, à l’oreille, je lui ai chuchoté notre histoire. Ton coma, les lettres, ma peine, ma vie brisée. Mon envie d’en finir, ma lâcheté au moment de le faire. Tous les sentiments que j’avais endurés pendant un an. Puis ma réconciliation avec la vie. Ma vie. Ensuite, je lui ai parlé de toi. De mon amour. De ton sourire. De ta joie. Puis, à la fin, il m’a dit : « Vous avez le plus beau sourire du monde ».
J’étais trempé, mon maquillage avait coulé, j’étais pieds nus. J’étais heureuse.
Et tu sais quoi ? Il s’appelle Lucas.

Votre Ambre à tous les deux.
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Message par Invité » Jeu 02 Juin 2005, 17:20

c'est bien joli tout ça^^
bon je mets le mien....

c'etait pour un atelier d'ecrture il y a environ trois mois. La consigne ecrire une histoire avec:
-un lieu: la cuisine
-un temps: l'hiver
-un objet: un verre d'eau
-deux ou trois personnages: une fille et .....

voila, c'est pas très long mais bon... j'avais que 15minutes pour l'ecrire!


C’était une nuit d’hiver, le 5 décembre exactement.
Alors que toute la maison était endormie, une petite fille descendait doucement les marches d’escalier pour ne réveiller personne. Lentement, sur la pointe des pieds, elle se dirigea vers la cuisine, se faufila dans le couloir pour enfin se cacher derrière la porte.
Un peu plus tôt, dans la soirée, elle avait déposé sur la table de la cuisine des petits gâteaux fait avec sa maman, ainsi qu’un verre d’eau. Bien sur, elle n’avait pas oublier la carotte pour le petit âne.
Allait-il venir ou pas ?? Elle regarda la pendule, plissa ses yeux et réussi à distinguer les petites aiguilles dans le noir : il était déjà très tard. Il ne va sans doute plus tarder à arriver !
Mais le temps passait. La fillette était pieds nus, elle avait froid et était fatiguée. Surtout ne pas s’endormir ! Pas maintenant !
Soudain, elle entendit un bruit. Elle essaya de voir dans la nuit mais tout était flou dans l’obscurité de ses petits yeux fatigués… Par contre, elle entendit distinctement des craquements : quelqu’un mangeait ses gâteaux !
D’un bond, elle se jeta sur l’interrupteur afin d’allumer la lumière et de pouvoir découvrir à quoi ressemblait ce vieux barbu !
Et là, elle vit Gribouille, le chaton qui se régalait. Quelle canaille ! Mais, en s’approchant de plus près, elle vit que ce n’était pas les gâteaux qu’il mangeait mais un petit pain d’épice !
Cette année encore, elle avait raté Saint Nicolas !
Invité
 

Message par Willozlove » Jeu 02 Juin 2005, 23:08

à moi de me lancer... dsl je sais, c'est long !


Ils ont volé le temps

Tout allait pour le mieux, je regardais ma montre et le temps s’écoulait normalement. Sur le chemin, là encore, les aiguilles tournaient dans le bon sens et puis, j’ai franchi la porte. A peine de l’autre côté, j’ai compris. J’ai senti un frisson me parcourir, l’adrénaline manifestait sa présence au sein de mon organisme et je commençais à manquer d’air. Ce sentiment d’oppression atteignit son apothéose lorsque la porte se referma derrière moi.
Elle se tenait là, immuable, et arborant ce sourire qui me glaçait le sang. Elle m’indiqua le lieu de ma pénitence et, tout en m’y rendant, je cherchais à comprendre quel crime abjecte j’avais bien pu commettre pour me voir infligée d’une telle sentence sans aucune remise de peine possible. Ruminant ce sentiment d’injustice, je pris place et le supplice débuta.
Tout d’abord elle exigea l’ouverture des fenêtres comme pour nous rappeler que la liberté était à portée de main et pourtant inaccessible. Nous nous exécutâmes en silence. Ce silence, il est odieux, oppressant même. Il est pénétrant et terrifiant, tel le calme devant la potence. Lucifer lui-même estimerait qu’il s’agissait là d’une torture sans nom et pourtant, elle en avait bien un : cours d’anglais juridique.
14h03, je ne suis là que depuis trois minutes et cela me semble une éternité. Elle fait l’appel. Les autres, dans leur léthargie habituelle, sont à peine conscients d’être appelés. Je suis seule et je combattrai jusqu’à la mort.
14h07, au rythme où les minutes avancent, c’est ici que je mourrai.
14h08, penser à faire mon testament.
14h10, y a-t-il un service de dépannage pour le temps ? Non ? Pourtant là, il s’est arrêté ou il plante, je ne vois pas d’autre explication. C’est à croire qu’un scientifique diaboliquement sadique fournit les professeurs en machines à contrôler le temps !!
14h20, une éternité s’est écoulée et le cours ne touche toujours pas à sa fin. Ma volonté de vaincre commence à s’essouffler. Mes yeux se ferment, je veux me réveiller, sortir de ce cauchemar, fuir ou tout simplement survivre. Que quelqu’un entende mon cri de douleur et vienne me délivrer !! Pourquoi seules les princesse sont délivrées du joug des affreuses sorcières par de preux chevaliers en armure ? Qu’en est-il des étudiantes prisonnières d’abominables professeurs ? La Convention de Genève ne peut-être mettre un terme à cette torture psychologique, interdire l’usage des machines qui ralentissent le temps au point de faire durer une minute une heure ? Il faut que quelqu’un réagisse, cela ne peut plus durer, il faut renverser ce tyran qui nous nargue à la lumière de son rétroprojecteur.
14h35, je craque, mes nerfs me lâchent, je commence à avoir des hallucinations, je m’en suis rendue compte après que Dumbo m’ait proposé un chewing-gum à la rose par la fenêtre. Un reste de raison m’a permis de reprendre le dessus. Je sais bien que les chewing-gums à la rose n’existent pas.
14h40, les gouttes de sueur affluent sur mon visage, brouillent ma vue, je n’arrive même plus à discerner ma montre. De toute façon, ça ne changerait rien, les aiguilles ne bougent plus depuis bien longtemps. Je suis condamnée à périr en ces lieux.
14h41, je reprends le dessus, je suis brave, je suis forte, je suis courageuse, je…je…je n’en peux plus, je suis faible, je suis lâche, je consentirai à n’importe quel compromis mais je veux partir !! Laissez-moi vivre ! Maman !! Je veux ma maman !!!
14h45, c’est décidé, armée de ma règle en fer, je vais creuser un tunnel vers la sortie, à moins que je n’utilise ma ceinture comme corde pour m’évader par la fenêtre, ce qui pourrait s’avérer plus rapide. Dès lors, j’élabore patiemment mon plan d’évasion tandis que mon bourreau arpente les rangs, telles les matrones, en prison, veillant à ce que la terreur règne en maître sur l’assistance.
14h47, on entendrait les mouches voler si elles-mêmes ne fuyaient pas aussi ces lieux maudits. Mes compagnons de cellule ont été lobotomisés. Ils restent, inertes, face au tableau noir comme attirés par une force maléfique à laquelle je tente encore et toujours de résister. Elle prétexte l’arrivée du vent pour nous obliger à fermer les fenêtres mais je ne suis pas dupe, elle lit dans mes pensées et a découvert qu’il s’agissait là de mon plan d’évasion A. Je ne me rendrai pas sans combattre ! J’empoigne ma règle, entame mon plan B quand mon regard se pose sur ma montre. Il est 14h56, mes prières ont été entendues. Envahie par un sentiment d’euphorie, je n’ose plus quitter les aiguilles des yeux. 14h57…14h58…14h59, le goût de la liberté revient à moi comme une lointaine réminiscence. Plus que quelques secondes, la porte va s’ouvrir et je pourrai regagner la lumière.
15h, la réalité m’a rattrapée… ENCORE UNE HEURE !!!!
"Holy mother of Skywalker" (c) Eric Forman
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Message par Yu' » Mar 06 Sep 2005, 20:08

C'était pour un concours, le texte devait s'appeler "Un monde parfait" !


Un monde parfait … Mélancolie … Je te pleure car sans toi mon monde ne sera plus jamais parfait …
Certes, il ne l’était pas, parfait. Mais, tant que tu étais là, j’étais heureuse.
Tu m’as quitté … Je ne l’aurais jamais cru. Il y a cette douleur qui sert mon ventre dans un étau, qui comprime mon cœur et fait pleurer mes yeux …
Tu m’as longtemps manqué … Et pendant tout le temps qu’a duré mon deuil, je n’ai pu parler de toi … Aujourd’hui, je suis prête …
Alors voilà … Je raconte … Mon monde parfait !

« Alors vas-y, raconte ! Pour toi, le monde parfait, c’est quoi ? »
Elle lui posait toujours cette question … Et il s’y attendait … Mais, chaque fois, il changeait la version, pour ne pas la décevoir.
« Hum … Aujourd’hui, mon monde parfait sera remplit d’étoiles … »
- Ah oui ? Des étoiles comment ? »
- Bleues, comme tes yeux … »
- Mais j’ai les yeux marrons !
- Dans mon monde, tu as les yeux bleus !
- Et dans ton monde, tu m’aimes ?
- Je t’aimerais toujours Graine de Lune … »
Ils avaient dix ans … Dix ans et ils semblaient s’aimer pour la vie … Ils ne s’étaient jamais touchés ni même effleurés mais ils s’aimaient et ça leur semblaient normal … Comme la vie est simple à cet âge-là ! Le monde semble presque … parfait !
« Et le tien, il serait comment ?
- Euh … Le ciel serait jaune … D’un jaune éclatant ! Et le soleil serait vert … Et il y en aurait deux ! La mer serait rose … Et l’herbe rouge !
- Oh ! Pas mal ! »
Ils se retrouvaient après l’école, derrière le petit muret et ils s’asseyaient sur le pont, près du ruisseau.
Ils se parlaient pendant des heures ! De tout, de rien, de la vie, de la mort, du monde …
Puis, il était parti … Sans prévenir. Un beau jour d’été, il n’était plus là, sur le muret … Elle avait pensé qu’il était malade et elle avait courut jusque chez lui. Il avait ouvert la porte, les bras couverts d’ecchymoses, un œil au beurre noir.
« Je pars …
- Où ça ?
- Loin … Je ne sais pas exactement !
- Mais alors … on ne se reverra plus ?
- Non …
- Mais je ne veux pas te quitter moi !
- Moi non plus … Mais je dois … Je t’écrirais petite Graine de Lune …
- Au revoir alors …
- Oui, au revoir …
Comme ça lui avait parut étrange … Elle l’avait laisser partir sans rien dire, sans rien tenter … Comment étais-ce possible ? Une fois loin, ses larmes avaient coulées et elle avait compris. Compris que l’absence est plus dure que tout …
Bien sûr, il ne lui avait pas écrit … Pendant un an, elle n’avait cessé de penser à lui … Puis son chagrin était passé … Elle avait retrouvé des amis … Et même des petits amis aux fils des ans ! Mais elle ne l’avait pas oublier …
Puis, un jour, quelqu’un avait sonné à sa porte. Elle avait descendu le grand escalier et s’était retrouvée dans l’entrée. Quand elle avait ouvert la porte, elle n’avait pas compris tout de suite. Il avait tellement changé en six ans ! Mais quand il lui avait dit, avec un sourire de séducteur : « Alors, Graine de Lune, tu m’as oublié ? », elle avait sentit son cœur chavirer !
IL était de retour ! Elle avait faillit lui sauter dans les bras … Et s’était contenté de l’embrasser, poliment sur les deux joues. Elle était seule chez elle … Elle aurait pu avoir peur de l’inconnu qu’il était devenu mais elle était confiante. Elle le fit monter dans sa chambre.
Il fit le tour de la pièce, inspectant chaque recoin d’un œil curieux.
« Ca a changé ici …
- J’ai changé …
- Moi aussi, tu sais !
- Oui, je m’en doute ! Je suis contente de te revoir !
- Moi aussi … Tu sais … Je ne t’ai jamais oublié … Et si je ne t’ai pas écrit c’était … parce que … si je ne te voyais pas, t’écrire ne servait à rien, tu comprends ?
- Oui … Le pire, c’est que je comprends !
Il s’était installé sur sa chaise de bureau, elle sur son lit.
Il murmura :
« Pour toi, le monde parfait, c’est quoi ?
- Hum … Aujourd’hui, mon monde parfait aura …
- Oui ? ?
- Un ciel bleu … Un soleil jaune … Une mer bleue … De l’herbe verte … Et surtout … Un ami que j’aurais retrouvé !
Il sourit. Ce n’était pas le même sourire qu’autrefois mais elle retrouvait sa vague mimique.
Il avait emménagé dans une maison, pas très loin du lycée. Il était dans une autre classe. Ils ne se voyaient pas souvent. Ils ne se disaient jamais bonjour … Mais quand ils se croisaient, ils souriaient … De si beaux sourires que ça leur réchauffait le cœur pour la journée.
Puis, un jour, il franchit le fossé. Il avait fait le pas. Il avait brûler les étapes, il était aller jusqu’à elle. Parce que le temps n’est pas immortel … Et qu’il n’en pouvait plus d’attendre que ce temps se lasse.
Il l’avait embrassé. Comme ça, devant tout le monde. Au lycée. Au milieu de la cour.
Elle ne s’y attendait pas. Il était arrivé vers elle, nonchalant. Elle l’avait regardé venir, confiante. Et il l’avait embrassé. Sans un mot. C’était étrange … Mais ça leur paraissait normal. Entre eux, tout avait toujours été normal. Depuis ce baiser, ils ne s’étaient plus quittés. Ils ne se voyaient pas tout le temps, ne passaient pas leur temps à s’embrasser comme tous les autres couples. C’était bien plus fort.
Il lui avait raconté sa vie d’avant … Sa vie d’enfant … Sa mère qui hurlait … Son père qui tapait … Lui qui criait … Les bleus … Le sang qui jaillit quand le coup était trop fort … La haine … La peur … La tristesse … L’espoir. Mais son espoir à lui, c’était elle.
Ils avaient passé le cap, ensembles. S’étaient aimés, comme on dit dans les livres pour ne pas choquer … C’était la première fois, ça n’était pas parfait … Mais qu’importe !
Puis, ils s’étaient éloignés … Plus rien à dire. Plus rien à montrer. Plus rien à prouver. Comme si le simple fait de consommer leur amour les avait séparé, les avait brisé !
Ils s’étaient perdu de vue.
La fac de médecine, les cours, l’amphithéâtre, les copains, les petits copains, la vie quoi ! Elle avait survécu. Elle avait continué à vivre.
Ce n’est que bien plus tard qu’elle avait su … SIDA. Syndrome d’Immuno-Déficience Acquise. Bien sûr qu’elle connaissait … En médecine, quand même … Un rapport mal protégé ? Une seringue ? Elle ne connaissait rien de sa vie, comment savoir ?
Elle avait eu peur … Et si … et si elle l’avait aussi ? Le test … Le stress … les résultats. Non, rien ! Ouf ! Pourquoi « ouf » ? Et lui … Cette fois, elle n’avait pas pu pleurer … C’était trop dur , trop loin !
Il allait mourir. C’était pour ça, la lettre. La seule lettre qu’il ne lui avait jamais écrite !
Elle était allé le voir, évidemment !
Ce n’est qu’après qu’elle s’était rendu compte …
Elle était entré à l’hôpital, avait demandé la chambre, avait frappé, la trouille au ventre. Il était là, faible, diminué mais beau … D’une beauté faible … Ils n’avaient rien dit pendant un moment, s’étaient juste regardés … Appréciés en silence … Littéralement dévorés des yeux … Il avait goûté sa peau des yeux, elle avait plongé dans son regard.
Il avait enfin murmuré, brisant ce mur de silence :
- Et toi ?
- Non …
- Tu sais, j’ai enfin trouvé mon monde parfait …
- Ah oui ?
- Le ciel serait bleu … Le soleil jaune, si brillant qu’il nous éblouirait. L’herbe serait verte … ou jaune en été, quand le temps serait trop sec.
- Ce serait un monde pareil au notre ?
- Oui, tout pareil …
- Mais ?
- Mais je vivrais … Avec toi … Jusqu’à la vieillesse … Jusqu’à la mort qui nous trouverait enlacée tous les deux. Et je t’aimerais aussi fort que je t’aime. Parce que de toutes façons, on ne peut pas t’aimer plus que moi … Aucun amour ne peut être plus grand que celui que je te porte. Parce que c’est un amour qui n’attend rien et qui se sait inutile … Et c’est pour ça qu’il survit …
Elle l’avait cru. Elle l’avait vraiment cru. Et elle savait que c’était vrai … Elle savait que leur amour était plus fort que tout … Parce que, après tout, tout est relatif ! Et pour elle, rien que pour elle, ce serait le plus beau des amours …

Excuse-moi de n’avoir pu la raconter à la première personne mais cette histoire me semble presque étrangère tellement elle m’est proche … Oui, c’est étrange … Mais notre relation était étrange ! Je n’ai compris qu’à ton enterrement que je t’aimais plus que tout au monde … Je croyais que cet amour n’existait que dans les livres … Que dans mon imagination … Que dans un monde parfait ! J’avais tort ! Il existe en vrai … Pour nous, du moins … Je me suis mariée, j’ai eu des enfants. J’ai eu une vie si heureuse ! Mais je t’assure que ma blessure ne s’est jamais refermée ! Mon mari le savait mais il n’a rien dit, il m’a laissé vivre … Parce qu’il comprenait ! Les gens comme ça sont mieux encore que les anges !
Excuse-moi de te parler de lui … Mais je pense que tu l’aurais apprécié …
Mais rassure-toi, pour moi, tu seras toujours un monde à toi tout seul … Mo
« Si j'y vais, ce n'est pas pour mourir mais pour me prouver à moi même que je suis encore vivant. »
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Message par lafka_6 » Mar 06 Sep 2005, 22:31

Bon c'est qu'un coup d'essai dc j'atends vos commentaires... (c la première fois que je fais lire un truc que j'écris... lafka tte contente :saute: ms n'a pas encore les comments :green: )


Relativité.

Son cœur battait la chamade. Le moment tant attendu, tant espéré, arrivait enfin. Depuis des mois elle s’y préparait. La joie de se retrouver. Etait-elle suffisamment belle pour cette occasion ? Elle y avait consacré des heures : le long bain, les soins du visage et de la peau, le vernissage des ongles, le maquillage, le choix de la robe, et des chaussures assorties aux accessoires… Tout était parfait. Tout devait être parfait. Parce qu’il était parfait. Celui qui, il y a quelques temps encore, était un parfait inconnu pour elle, s’était un jour transformé en l’être qui lui était le plus intimement cher. Pas n’importe quel jour non. Un jour de décembre. Un jour où elle aurait dû mourir dans un ravin, mais où le destin avait placé sur sa route cet ange de miséricorde… Son ange à elle. Oh, cela peut paraître prétentieux de s’approprier un ange… Mais ils avaient été si proches ce jour là. Une réelle communion s’était opérée entre leurs âmes ; de cela elle était sûre. Il lui avait tenu la main, s’était agenouillé à côté d’elle, alors qu’elle agonisait sur cette route glacée. Il lui avait parlé de sa voix si douce, lui avait murmuré des paroles réconfortantes… Et elle s’était apaisée. Puis il y avait eu ce tintamarre affreux, ces sirènes, cette agitation… Son corps avait été déplacé, touchés en tous sens… Sa main avait lâché celle de son ange, et elle avait alors paniqué comme jamais auparavant. Même quand elle pensait être morte, elle n’avait pas eu aussi peur qu’en cet instant. Et enfin elle avait vu son visage, son beau visage… Et tout s’était de nouveau éclairé en elle. Elle y avait puisé la force de lutter contre la fatigue et la douleur. Grâce à lui, elle était là, aujourd’hui, sur ce pont qu’il empruntait tous les jours lui avait on assuré, à attendre nerveusement le moment où elle reverrait enfin son merveilleux visage… Soudain, elle l’aperçut. La démarche assurée et la tête haute, il était tout simplement magnifique. Et plus que jamais un ange. Vingt mètres. Dix. Cinq. Il était tout proche. Elle lui sourit. Chercha son regard. Le trouva. L’heure avait enfin sonné. Elle fit passer dans ses yeux tous ses sentiments : son amour, sa gratitude, sa joie. Il allait la reconnaître forcément. Lui sourire à son tour. Elle allait pouvoir lire dans ses yeux la même plénitude que celle qu’elle ressentait… Mais non, il détournait le regard. Que se passait-il ? Il la frôlait… Pourquoi ne la prenait-il pas dans ses bras ? Pourquoi ne lui disait-il pas combien il était heureux de la retrouver enfin, après avoir pensé à elle pendant des mois à se ronger les sangs ? Pourquoi ? Hébétée, elle suivit du regard sa large carrure… Il ne l’avait pas reconnue… Comment était-ce possible ? Un ange pouvait-il oublier le visage de sa protégée ? Apparemment oui. Et cette douloureuse certitude lui déchira le cœur en lambeaux avec plus de précision qu’un scalpel. A quoi bon vivre si c’était pour perdre toute raison de vivre par la suite. Indifférente à tout, elle perçut tout juste les hurlements des passants quand elle enjamba le parapet du pont, elle sentit à peine l’eau glacée lui brûler la chair, elle se rendit à peine compte de l’eau qui lui envahissait les poumons, de l’air qui lui manquait. Elle suffoquait oui, elle mourait oui. La douleur était insupportable. Bientôt elle ne sentirait plus rien…

Assis à sa table, il lisait le journal. « Une jeune femme saute d’un pont et se tue ». « Encore une paumée » pensa-t-il. Puis il passa à la page des sports.
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